Saperlipopette or not saperlipopette / Richard Gotainer

Richars Gotainer n’a rien perdu de sa verve et de son humour dans ce nouvel album.

Des textes pleins de poésie qui parlent des petits maux de la vie courante (l’amour, la mort…) mais aussi de problèmes sociétaux (où va la monde, la pollution…). Une musique rythmée et festive sert de support à tous ces mots.

Voilà un album qui peut paraître un peu potache au premier abord mais qu’il faut réécouter plusieurs fois pour en apprécier le fonds.

Blitz : T1 Black-out & T2 All clear / Connie Willis

Voici une critique à rebours. J’ai apprécié le dernier roman de Connie Willis, Interférences mais il lui manque le souffle et l’ambition de Blitz, d’où mon éloge a posteriori pour ce diptyque qui a largement mérité ses prix (Nebula, Locus et Hugo, les plus importants dans le domaine de la science-fiction).

En 2060, à Oxford, des étudiants en histoire « vivent » leur sujet de thèse grâce au voyage dans le temps. Mais la technologie n’est pas totalement maîtrisée, et quand la machine s’emballe, nos héros se retrouvent seuls sous les bombes allemandes durant le fameux « Blitz » de la Seconde Guerre Mondiale.

Très bien écrits, ces romans sont vraiment prenants, et on se prend d’affection pour les personnages principaux comme pour ceux (du « passé » pour ne pas avoir le mot époque 2 fois en deux phrases). Dès lors, on comprend combien les étudiants peuvent se sentir écartelés entre leur rôle d’observateur et les sentiments qu’ils développent pour l’époque et leurs « habitants », d’autant plus qu’une angoisse sourde les tenaille quand ils pressentent que l’Histoire (avec un grand H) est en train de dérailler…

Un océan, deux mers, trois continents / Wilfried N’Sondé

Avec ce roman, nous plongeons magnifiquement dans l’histoire terrible, intemporelle et malheureusement universelle de l’esclavage.

C’est à travers la voie de Nsaku Ne Vunda, candide prêtre noir au XVIIe siècle envoyé comme ambassadeur du Royaume du Kongo auprès du Pape, que l’auteur nous fait revivre « l’incroyable » en cette période de l’histoire du monde. Nous suivons avec fascination le destin hors norme de ce personnage à la sincérité généreuse qui incite à la tolérance dans une humanité qui nous relie les uns aux autres.

Un monde à portée de main / Maylis de Kerangal

L’auteure a cette faculté de s’immerger dans des univers totalement différents, de donner vie à des personnages qui cherchent à s’accomplir. Dans ce roman elle s’intéresse  à des copistes (peintres de trompe-l’œil), Paula et ses amis, qui intègrent une école qui va les former à cet art subtil où ils vont apprendre à voir.

C’est une histoire d’apprentissage où l’initiation, la persévérance et la patience sont des moteurs de recherche pour faire corps avec ce qui nous entoure, redonner de la vie et du sens à la matière, au végétal, à l’histoire.

En conclusion, j’ai aimé ce livre car il s’empare d’un sujet que nous méconnaissons, alors entrez dans ce monde avec Paula et ses amis, vous ne le regretterez pas.

Jusqu’à la garde / Xavier Legrand

Rarement un film n’aura maintenu une telle tension sourde et croissante jusqu’à la fin. Jusqu’à la garde est un film juste et fort.

Cela commence dans le bureau d’un juge où un couple se sépare. La femme accuse son compagnon de violences mais celui-ci nie. Le plus jeune de leurs enfants, Julien, ne veut plus voir son père et la mère souhaite avoir la garde exclusive. La juge donnera la garde partagée au père.

Lorsque l’enfant part pour le week-end avec son père, on n’entend plus dans la voiture, que les bruits du moteur et des passages de vitesse, le bip de la ceinture pas encore mise. Dans ces scènes sans musique, le réalisateur filme le visage angoissé de l’enfant, balloté par les mouvements de la voiture et à chaque instant on se demande ce qu’il va se passer.

Ce film raconte l’histoire d’une mère et d’un fils qui tentent de vivre normalement et de faire face, sans heurts,  à cette obligation de partage de la garde ; mais la peur est constante, et nous envahit.

Le bonus de ce DVD est particulièrement intéressant, il s’agit d’un entretien avec Edouard Durand, juge des enfants. Il nous explique les règles de bases lors d’une séparation et les alternatives aux solutions proposées dans le film. Cet entretien met en lumière certaines scènes du film et mène à une réflexion plus approfondie sur la question.

A voir absolument !

Les poteaux étaient carrés / Laurent Seyer

Vous n’aimez pas le foot ? Moi non plus. Et pourtant j’ai dévoré ce premier roman de Laurent Seyer dont le fil conducteur est le match de finale de la coupe d’Europe des clubs champions, du 12 mai 1976, entre L’Association Sportive de Saint-Etienne et le Bayern de Munich.

Rien que la longueur du titre de ce match me fatigue et pourtant il m’a fallu très peu de temps pour aller au bout de l’histoire de Nicolas Laroche, treize ans et demi, « né à Glasgow le 12 mai 1976 » comme il le déclare au début du roman.

Il tisse dans une même temporalité l’histoire de ce fameux match et celle des deux dernières années de sa vie. Nicolas y a vécu le départ de sa mère, l’arrivée d’une belle mère et de son fils, et son désamour pour un père physiquement présent mais totalement absent affectivement ; le tout situé dans les années 70 où le divorce était encore rare.

La métaphore du foot, sport d’équipe, mais sport de stars sert tout à fait le propos des relations familiales si compliquées surtout quand on a treize ans. Laurent Seyer trouve les mots justes et le ton adéquat pour nous livrer la complexité d’une âme d’adolescent troublée, et d’un match de foot décisif dans sa vie et dans celle des supporters. Belle allégorie !

Et j’ai suivi ce match de la vie qui laisse parfois KO, jusqu’au bout, sans lassitude.

La Guérilla des animaux / Camille Brunel

Isaac a un seul et unique postulat : l’Homme est mauvais car il tue des animaux. Obsédé par son combat et déterminé à imposer le véganisme à ses semblables, le jeune protagoniste se lance dans une chasse à l’homme destructeur tout autour du monde. Et il ne fait pas dans la dentelle ! Armé et sans pitié, le justicier détruit tout ennemi sur son passage. Braconniers en jungle indienne, baleiniers sur la Pacifique, tueurs de yacks au Kirghizistan…tout le monde y passe. Yumiko, une jeune femme le rejoint dans son aventure pour poursuivre le grand nettoyage…

Camille Brunel présente un premier roman intense et en phase avec son époque en poussant le militantisme à l’extrême. Il n’est pas nécessaire d’être soi-même défenseur de la cause animale ou adepte du régime végan pour apprécier ce livre qui, non seulement propose une réflexion intense sur le genre humain et le pouvoir qu’il exerce sur la nature, mais aborde également le thème de la mort avec finesse. Aucune question n’est explicitement posée, néanmoins, tout au long de sa lecture, on ne peut que s’interroger sur les thèmes traités dans ce livre. Est-il juste d’assassiner son prochain sous prétexte qu’il est un danger pour la planète et la biodiversité ? Militer pour une cause revient-il à mépriser ceux qui la désapprouvent ? Respecter la nature est-il plus important que tout ?

Bref, ce roman est une belle découverte et ne laisse pas indifférent.

Deux milliards de battements de coeur / Genki Kawamura

Alors qu’il ne lui reste que quelques jours à vivre à cause d’une maladie incurable, le jeune narrateur (30 ans) rencontre le Diable en personne. Ce dernier lui propose alors un marché. Il pourra bénéficier d’un jour de vie supplémentaire à condition d’effacer quelque chose sur Terre en contrepartie.

Mais tout mesquin qu’il est, le Diable impose peu à peu ses règles et le narrateur est vite confronté à des choix cruels. C’est avec ses souvenirs les plus heureux qu’il va parvenir à faire les bons choix…

Ce roman est très attendrissant et propose un regard philosophique sur le sens de la vie, le bonheur et la beauté. Le thème de la mort est aussi omniprésent dans ce livre sans pour autant tomber dans le tragique. J’ai été touché par les récits du narrateur empreints de nostalgie et d’amour. L’écriture de  Genki Kawamura est saisissante, authentique et douce. Deux milliards de battements de coeur fut une délicieuse lecture.

 

Une enquête de Adam Fawley : Sous nos yeux / Cara Hunter

Une petite fille disparait lors d’une fête. Que s’est-il passé ? Comment quelqu’un aurait-il pu s’introduire dans le jardin sans que personne ne le voie? L’inspecteur Adam Fawley va mener l’enquête, nourri de ses nombreuses expériences en matière de disparition d’enfant. Petit à petit les indices s’ajoutent, les choses se précisent dans un sens puis dans l’autre, menant les inspecteurs sur de fausses pistes.

Problème : les proches ne divulguent qu’au compte-goutte certains éléments et l’enquête avance par à-coups.

L’intrigue foisonne de détails au point de laisser penser que l’auteure serait policière, mais ce n’est pas le cas. Cara Hunter a créé des personnages typés et intéressants qui ont chacun un passé bien particulier.

Ce thriller nous tient jusqu’au bout en haleine. La force du roman réside en partie sur sa construction qui intercale les scènes les unes entre les autres et nous laisse chaque fois en suspens pour passer à la suite, jusqu’à un final inattendu.

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Les nouvelles aventures du fakir au pays d’Ikea / Romain Puertolas

Si vous avez aimé L’extraordinaire aventure du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, vous ne serez pas déçu avec ce deuxième tome !

Dans cette suite, notre héros franco-indien se lance un challenge afin de renouer avec son esprit d’aventurier et redevenir l’homme qui a séduit la femme de sa vie, en allant en Suède chercher le dernier modèle de lit à clou … Bien entendu, son voyage va être perturbé par des rencontres inopportunes et des rebondissements saugrenus que je ne dévoilerai pas.

Avec un sens de l’humour dont lui seul a le secret, Romain Puertolas réussit le difficile pari de proposer une suite aussi efficace que son premier best-seller. Entre récit d’aventure et roman loufoque , Les nouvelles aventures du fakir au pays d’Ikea est une lecture idéale pour se changer les idées cet été.

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